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Quand on grandit dans une petite ville, on grandit loin du monde. Pas comme si le monde n'existait pas autour, mais comme si cette petite ville n'existait pas pour le monde. On sait bien qu'une petite ville, ça reste une ville. Ceux qui ont grandi à la campagne, parfois juste entourés de champs et de quelques animaux s'ils sont chanceux, peuvent penser qu'une ville, même petite, c'est le monde ramené à sa portion intelligible. C'est ce qui les rassure, j'imagine.
Mais quand on grandit dans une petite ville, on méprise la campagne, on en a peur. Surtout quand c'est là qu'on a commencé à grandir. La campagne ce n'est pas l'image du monde puisque le monde existe par ceux qui le remplissent, qui le fabriquent, qui le vivent. Le monde ne peut être appréhendé qu'avec la multitude. Quand on grandit dans une petite ville, la multitude s'arrête vite. La multitude infinie ignore les petites villes. Elle pense "longs courriers". Elle voyage en stratosphère. Sa lumière occulte les étoiles.
Quand on grandit dans une petite ville, les rêves sont serrés, étriqués, engoncés. Ils étouffent. Comment devenir astronaute quand de l'aéroport le plus proche ne s'envolent que des vieux bimoteurs à hélices. Comment croire qu'on sera chirurgien quand on ne peut rejoindre l'hôpital qu'après quelques heures en voiture sur des routes cabossées. Comment rêver qu'on sera plombier ou boulanger ou mécanicien. Qui rêve de ça?
Quand on grandit dans une petite ville, on rêve tous qu'on en partira...****
Musique :
- Lou Reed And John Cale - Small Town
Dessins :
- Oaxaca
- Oaxaca
- Oaxaca
- Oaxaca
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