samedi 3 juillet 2010

SOIXANTE


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IL ETAIT UNE FOIS... une jeune fille belle comme une nuit de pleine lune. Elle passait ses journées à se promener dans les rues de la ville, les allées des jardins. Les hommes la suivaient, parfois simplement du regard, parfois discrètement, parfois ouvertement. Mais à chacun, elle se dérobait. Un jour, alors que sa présence noire et lumineuse irradiait le grand jardin qui rafraîchissait le centre de la ville, elle entreprit de suivre un jeune homme qu'elle n'avait jamais vu auparavant et qui semblait ne pas l'avoir simplement remarquée.
Le jeune homme avait un regard étrange, comme perdu dans un songe que nul à part lui ne pouvait voir. Il marchait, les bras le long du corps, dans un costume sombre qui semblait trop grand pour lui et trop chaud pour le climat de la ville. Elle le suivit à distance, alors qu'il empruntait les rues de la ville qui mènent vers les faubourgs. Il marchait assez lentement ce qui l'obligeait elle à de fréquents arrêts, en embuscade, puis à courir derrière lui pour le rattraper. Elle courait pieds nus et ses pas résonnaient sur le pavé des ruelles comme les coussinets d'un chat sur le carrelage d'une cuisine.
Il finit par s'arrêter devant un petit immeuble. Il longea le passage qui courait le long du pignon et menait à un escalier descendant vers une porte. Une fois en bas des marches, il entra dans la cave. Elle descendit les marches, hésitante. Elle sentait la poussière sous ses pieds et essayait de placer ses pas dans ceux de l'homme. Elle poussa la porte qui était restée entrouverte et avança dans un couloir sombre au bout duquel une autre porte entrouverte laissait filtrer de la lumière. Elle franchit la porte, une main se plaqua sur son visage et elle perdit connaissance.
Quand elle ouvrit les yeux, elle était allongée sur une grande table, ligotée aux chevilles et aux poignets. Le jeune homme qu'elle avait suivi se tenait assis sur une chaise, droit, et l'air hagard. Elle entendait un clapotis, des gouttes qui s'écoulaient d'un robinet et tombaient dans l'eau. Ses yeux recouvraient peu à peu de leur acuité. Au bout d'un temps, une porte s'ouvrit et un homme entra. Il était vieux, voûté, marchait avec une canne. Les quelques cheveux qui lui restaient autour du crâne étaient d'une blancheur de craie et il portait un monocle à l'oeil gauche et son autre oeil était manquant : -"Bonjour Fräulein. Je suis le Dr VonSchrecklich. N'ayez aucune crainte."

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Musique :
  • Pulp - Fairground

Dessins :
  1. Mahdia
  2. Mahdia
  3. Mahdia
  4. Mahdia


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