jeudi 30 septembre 2010

CENTVINGTNEUF - # HORS SERIE #14


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Satellite est parti, droit vers le ciel. Ce genre de chose m'envoie en l'air.
Je l'ai regardé un petit moment, j'aime bien regarder des trucs à la télé...
Satellite est parti, droit vers Mars. Bientôt il sera rempli de parkings pour les voitures.
Je l'ai regardé un petit moment, j'aime bien regarder des trucs à la télé... 
On m'a dit que tu as été intrépide avec Harry, Mark et John.
Lundi, mardi, de mercredi à jeudi, avec Harry, Mark et John.
Satellite est parti, droit vers le ciel. Ce genre de chose m'envoie en l'air.
Je l'air regardé un petit moment, j'aime bien regarder des trucs à la télé...*

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*librement adapté de Satellite of Love par Lou Reed - Sans permission de l'auteur, qu'il veuille bien me carboniser.
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Musique :
  • New Order - World (Price Of Love)
Dessins :
  1. Tunis 
  2. Tunis
  3. Tunis
  4. Tunis

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mercredi 29 septembre 2010

CENTVINGTHUIT - HORS SERIE #13


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Vous trouverez beaucoup de rabats-joie 
d'Oostende à Porto, de Casablanca à Cape Town,
pour dire que la mer est la même partout...
Mais vous en trouverez autant pour dire que la terre aussi...

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Musique :
  • The Sea And Cake - Sound And Vision (Cover David Bowie)

Dessins :
  1. Tunis
  2. La Turballe
  3. La Turballe
  4. La Turballe


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mardi 28 septembre 2010

CENTVINGTSEPT - HORS SERIE #12


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Il est de ces couples qui font rêver alors même qu'on ne les regarde pas évoluer sur l'écran panoramique d'une salle de cinéma. C'est une chance rien que d'en connaître un. De ces couples qui, lorsqu'ils avancent, forcent tout le monde à s'arrêter et regarder.
Eux, ils se sont connus sur les bancs de l'école.
Il est de ces couples qui font rêver alors même qu'on ne les regarde pas évoluer sur l'écran panoramique d'une salle de cinéma. C'est une chance rien que d'en connaître un. De ces couples qui, lorsqu'ils avancent, forcent tout le monde à s'arrêter et regarder. 

A part eux, tout le monde l'a vu, ce couple de rêve. 
Il est de ces couples qui font rêver alors même qu'on ne les regarde pas évoluer sur l'écran panoramique d'une salle de cinéma. C'est une chance rien que d'en connaître un. De ces couples qui, lorsqu'ils avancent, forcent tout le monde à s'arrêter et regarder. 

Ensuite, pendant assez longtemps, lui seul l'a vue. Lui seul en a rêvé. Puis elle aussi, c'est comme ça que les rêves deviennent des légendes.
Alors sortez paillettes, costumes et flonflons puisqu'aujourd'hui c'est sa fête! 

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Musique :
  • The Sugarcubes - Birthday (icelandic)

Dessins :
  1. Tunis
  2. Paris
  3. Tunis
  4. Paris


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lundi 27 septembre 2010

CENTVINGTSIX - HORS SERIE #11


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"Tout le monde nous regarde, dis quelque chose..."
"On peut dire que le monde va à sa perte sitôt que la jeunesse se comporte ainsi..."
"Jeune homme ?"
"C'est bon je vais la faire votre vaisselle..."

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Musique :
  • Jacques Dutronc - Fais Pas Ci Fais Pas Ça

Dessins :
  1. Mahdia
  2. Tunis
  3. Mahdia
  4. Mahdia


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dimanche 26 septembre 2010

CENTVINGTCINQ - HORS SERIE #10


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Depuis quelques jours une drôle de rumeur a pris ses quartiers en ville.
On entend rien de ce que se disent les gens mais on devine, à voir leurs visages graves et concernés que la rumeur a des bases suffisamment solides pour bientôt se transformer en information.  
Le scandale est finalement tel que les habitants se rassemblent en cortège pour aller crier leur mécontentement devant Monsieur le Maire.
Qui ne peut rien leur dire vu qu'il n'est pas là. Il semblerait qu'il soit, lui-même, un des clients privilégiés de cette maison close qui vient d'ouvrir ses portes aux abords de la ville, et donc cause de tout ce mécontentement n'est-ce pas.

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Musique :
  • The Sisters Of Mercy (Featuring Ofra Haza) - Temple of Love
Dessins :
  1. Tunis
  2. Tunis
  3. Tunis
  4. Tunis

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samedi 25 septembre 2010

CENTVINGTQUATRE - HORS SERIE #9


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Pour un premier rendez-vous, ça a été parfait. Il faut dire que j'ai sorti le grand jeu, elle ne pouvait pas résister. D'abord je l'ai promenée dans ma caisse de collection. On en jetait un max sur la roccade. Elle avait le vent dans les cheveux et je pouvais voir sa peau se hérisser de plaisir.
On a fait un tour au parc, on a donné à manger aux oiseaux, on a marché tranquille. Bon, là j'ai pris sur moi mais je sens bien que j'ai marqué des points. Elle a pas arrêté de parler et j'ai fait semblant de l'écouter, je suis bon pour faire semblant d'écouter. Si vous voulez savoir c'est ça mon secret, je fais semblant d'écouter et elles trouvent ça terrible qu'un mec puisse les écouter comme ça.
Ensuite je l'ai emmenée chez mon oncle qui tient un bar jeux dans le centre. On a bu quelques verres au comptoir et je l'ai même persuadée de faire un baby. Je l'ai laissée gagner et après je lui ai montré deux trois trucs que je connais pour gagner encore mieux. Je me mettais derrière elle, mes mains sur les siennes, terrible.
Alors est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi quand je suis rentré et que j'ai allumé mon ordi pour lui envoyer un petit message genre "c'était super, quand est-ce qu'on remet ça", j'avais déjà un message sur mon profil qui disait "0/20, à éviter à tout prix"?

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Musique :
  • Prefab Sprout - Cars And Girls
Dessins :
  1. Nantes
  2. Nantes
  3. Angers
  4. Nantes

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vendredi 24 septembre 2010

CENTVINGTTROIS - HORS SERIE #8


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C'est un petit village où la vie s'écoule lentement. 
Tellement lentement que même le soleil semble tourner trop vite dans le ciel.
Puis un jour, un étrange objet vient perturber la sérénité de ses habitants ; un objet imposant, bruyant, rapide.
Aussi son propriétaire s'empresse de le soustraire à la vue de ses concitoyens. Il est des bienfaits du monde moderne qu'un petit village doit ignorer si l'on veut que la vie s'y poursuive en toute sérénité

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Musique :
  • The Buzzcocks - Fast Cars
Dessins :
  1. Oaxaca
  2. Oaxaca
  3. Oaxaca
  4. Oaxaca

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jeudi 23 septembre 2010

CENTVINGTDEUX


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Sa maison était construite à même la plage. Il y avait un peu plus loin, le long de la dune, une vieille casemate construite pendant la guerre. Lens enfants y trouvaient matière à leurs jeux guerriers.
A l'entrée de son terrain, de l'autre côté de la maison, il y avait une grande grange, de celles qui servent à stocker le bois et le fourrage pour les bêtes l'hiver. Là, elle avait installé son atelier. Elle y passait ses journées à peindre, toile après toile.
On se retrouvait pour prendre le thé dans la grande pièce de la maison. Les enfants revenaient de leurs jeux, ramenant des pièces métalliques arrachées au bunker, prenaient leur goûter avec nous.
Tout le monde au village se souvient d'elle. Tout le monde se souvient surtout de l'incendie qui a détruit l'atelier et la maison il y a dix ans. Ils me demandent des nouvelles des enfants.

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Musique :
  • Lloyd Cole And The Commotions - Forest Fire

Dessins :
  1. La Turballe
  2. Nantes
  3. Nantes
  4. La Turballe


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mercredi 22 septembre 2010

CENTVINGTETUN


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Il travaille beaucoup, certains disent trop.
Elle passe son temps à rêvasser.
Il rentre tard dans son petit appartement dans sa petite banlieue.
Elle prend son temps pour profiter de son bord de mer.
Elle aime prendre son café au bistrot du port.
Il préfère un cybercafé au cas où il aurait raté un de ses messages.
Alors qu'en prenant l'autoroute, il n'est qu'à une petite heure du bistrot du port.
Mais bon, cette fois encore il va rentrer chez lui...

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Musique :
  • R.E.M. - Everybody Hurts
Dessins :
  1. Nantes
  2. Nantes
  3. Nantes
  4. Nantes

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mardi 21 septembre 2010

CENTVINGT


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On doit pouvoir sentir l'excitation au milieu de toute cette agitation et si chacun semble concentré sur ce qu'il a à faire, la bonne humeur règne et des rires éclatent dans tous les coins de la grande pièce où se déroulera la fête.
Nul ne doute du succès de l'entreprise. On a fait venir sa famille, ses amis les plus proches, tout le monde a été prévenu. Certains viennent de très loin et on s'est débrouillé pour qu'ils puissent être là incognito. On a manigancé un plan subtil pour que l'intéressée, sans se douter, soit sur les lieux à l'heure dite. La surprise sera totale.
Des amis musiciens ont répété un répertoire intégralement dédié et des traiteurs ont préparé ses plats préférés. A l'heure dite, le jour prévu, tout le monde est prêt. On se prépare pour la réception, chacun connaît sa partition, ce qu'il a à dire, où il doit se trouver. On commence à attendre, l'ambiance est fébrile.
Mais j'ai bien peur qu'au fond de sa campagne, l'intéressée ne soit trop déprimée d'être encore seule à quarante ans pour aller faire cette course de dernière minute qu'une amie lui a commandée. 

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Musique :
  • Local Natives - Airplanes
Dessins :
  1. Nantes
  2. Nantes
  3. Angers
  4. La Turballe

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lundi 20 septembre 2010

CENTDIXNEUF


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Je veux m'en aller. Ces mots flottent dans la pièce depuis qu'elle les a dits, tout à l'heure, juste avant le dîner que je n'ai finalement pas mangé. Je comprends, je comprends que ce "je veux m'en aller" ne concerne pas notre histoire mais notre appartement, je comprends qu'elle ne peut plus le voir cet appartement, qu'il cristallise tout ce qu'elle déteste dans sa vie, tout ce qu'elle veut abandonner, pour pouvoir avancer. Je comprends que mon intérêt est de rejoindre sa croisade si je ne veux pas subir le même sort que cet appartement.
Je ne veux pas quitter cet appartement. C'est ici que je l'ai connue, ici que je l'ai aimée, ici que j'ai eu envie de m'installer avec elle. 
Elle ne peut plus le voir notre appartement. Elle ne peut plus nous y voir, m'y voir. Elle veut nous aimer ailleurs.
Je dis que je veux bien déménager avec elle si elle veut bien faire la vaisselle de temps en temps.

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Musique :
  • Tindersticks - Rented Rooms (Swing Version)

Dessins :
  1. Nantes
  2. Nantes
  3. Nantes
  4. Nantes

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dimanche 19 septembre 2010

CENTDIXHUIT


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J'avais un ami, du temps du lycée ; un jeune homme assez perturbé. A mon sens, il passait trop de temps dans les livres et trop peu auprès de ses congénères — et encore, certains livres auraient pu le rapprocher de ces congénères mais les siens avaient le redoutable pouvoir de le maintenir dans un siècle enseveli sous deux guerres mondiales et quelques révolutions culturelles. Ainsi regardait-il le sol en permanence sauf quand il y croisait les pieds délicats d'une jeune fille qu'il avait rencontrée — du moins est-ce l'effet que cette paire de pieds lui faisait — dans ces mêmes ouvrages. J'imagine qu'un livre écrit il y a plus d'un siècle est définitivement un ouvrage et que mon ami les traitait comme quelques vieux grimoires d'alchimistes. Ah oui! Il fumait la pipe...
La jeune fille en question se piquait de théâtre, de danse, de musique, de littérature. D'un professeur j'avais entendu un las "si seulement son esprit pouvait être à la hauteur de son profil". Pourtant d'esprit elle ne manquait pas, et notre professeur devait plutôt regretter que son charme (à  lui) n'ait pas de prise sur son esprit (à elle). Grattant ses piqûres frénétiquement, la jeune fille au profil suivait quiconque voulait bien partager avec elle toute opportunité de "faire" ce qu'elle aimait seule dans son coin. Je trouve dément tous ces jeunes gens qui aimaient en secret, dans leurs coins, se taisant, faisant des milliards de révolutions dans leurs chambres sans que jamais le monde n'en soit bouleversé. Une troupe de jeunes musiciens, jongleurs, cracheurs de feu et autres pitreries des rues qui pullulent encore de nos jours — hélas — croisa éventuellement le chemin de la paire de jolis pieds XIXème et mon ami y vit la fin de sa romance.
Faisant, déjà, preuve d'une infinie patience — celle qui me permet, encore aujourd'hui, d'endurer les discours les plus invraisemblables narrant par le menu le contenu des journées ahurissantes de vide des vieilles dames qui font la queue aux caisses de supermarché — j'écoutai son désespoir tout en tentant de le rasséréner. Il finit par, tout seul, je le précise, se donner le courage d'affronter ces saltimbanques. Il se voyait Siegfried face au dragon, je ne pouvais l'imaginer mieux qu'en capitaine Fracasse, ce qui n'est déjà pas si mal. Il se rendit dans leur repaire un mercredi après-midi de "répétition" — j'use du guillemet avec l'ironie la plus dédaigneuse. Je ne pouvais que le suivre.
Le hangar empestait le vin renversé et les fumées de tabac et de plantes psychotropes. L'ambiance était celle d'un joyeux foutoir. Je retrouvai là quelques amis, certains que je croyais proches et qui faisaient ici, et sans moi, des bamboulas du tonnerre et plutôt que de me sentir vexé, je me joignis à la fête, atteignant rapidement l'état d'ébriété ambiant. Je perdis donc de vue mon ami, et pour cause. A ce qu'il paraît — mes souvenirs du reste de cette après-midi sont inexistants et les faits m'ont été relatés par des témoins à la mémoire moins fragile — j'aurais fait, en quelques petites heures, à la petite paire de pieds XIXè, à la jeune fille au profil et à son esprit, une telle impression qu'elle me mangea d'abord du regard puis de la bouche sous les yeux de mon ami qui vida les lieux, y laissant son chapeau et son épée — le panache, c'est moi qui l'ai perdu ce jour là. 

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Musique :
  • Nino Rota - O Venezia, Venaga, Venusia (theme from Il Casanova di Fellini de Federico Fellini)

Dessins :
  1. Nantes
  2. Nantes
  3. Angers
  4. Angers


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samedi 18 septembre 2010

CENTDIXSEPT


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Je n'aime pas les salles d'attente. Moi j'aime bien être tout seul pour attendre. Dans les salles d'attente, tout le monde attend, tout le monde a déjà attendu, les salles d'attente suintent l'impatience et l'angoisse comme les salles d'entraînement des boxeurs suintent la sueur et la testostérone. Si c'était possible, il faudrait qu'on puisse attendre tout seul dans son coin, dans un endroit à l'écart, où je pourrais être tout seul à attendre. Je le fais bien sûr, je vais au bistrot du coin, je fais semblant d'attendre quelqu'un, je fais semblant de lire un livre et je lève mes yeux sans arrêt, dès qu'une silhouette passe, pour voir si ce ne serait pas celle que j'attends, pour de faux. Puis quand c'est l'heure de mon rendez-vous, je m'y rends, dans l'espoir de couper à la salle d'attente. Mais généralement, on est en retard, on ne peut pas me prendre tout de suite, veuillez patienter par ici s'il vous plaît. La porte s'ouvre...
Et ils sont déjà une dizaine à attendre, un rendez-vous après le mien. C'est déjà quelque chose de pénible quand il s'agit du médecin ou du dentiste mais dans mon métier, les files d'attente représentent presque cent pour cent de mon travail sur le terrain. Cette fois-ci, c'est une pièce de théâtre. Ils remontent une nouvelle version de la Ménagerie de verre de Williams. C'est drôle, Tennessee Williams il passe quinze ans dans la poussière et puis soudain tout le monde en veut un dans sa saison. Ça dure deux ou trois ans puis il retourne au grenier pour quinze ans. Pour celle-là, je suis retourné voir dans mes vieux cartons ce que j'avais fait à la dernière saison des Williams. J'en ai trouvé deux ou trois pas mal, j'ai retravaillé les idées, tout à la palette graphique. Il faut adapter le boulot aux nouveaux outils.

Et j'étais là, à attendre avec les acteurs qui passaient les auditions. Ça sentait l'amateurisme, la jeune troupe qui s'étoffe, le metteur en scène cherchait son couple vedette. Je restai à l'écart, mon carton à dessins sous le bras. Je regardai les visages, détaillai les courbes, décryptai les regards. Je m'amusai à leur faire dire quelques tirades qui me restaient en mémoire, à les placer dans des postures que j'avais esquissées sur une ou deux idées d'affiches, j'en habillai certains, certaines surtout, des tenues que j'avais dessinées. Quand on attend au milieu d'autres qui attendent, il faut bien tromper son ennui d'attendre à plusieurs. Rétrospectivement,  j'étais content d'attendre au milieu de candidats au casting d'un Tennessee Williams plutôt que celui d'un Ionesco, d'un Beckett ou d'un Claudel... 
Quand finalement ça a été mon tour, je me suis présenté. Je suis resté trente secondes. Je n'ai même pas parlé au metteur en scène. A priori, le livret de Tennessee Williams avait été adapté en chansons et ballets modernes. J'entendais, venant de la scène, une mélodie au piano et une voix aigrelette qui chantait des banalités. Je suis sorti sans attendre.

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Musique :
  • Sonic Youth - Superstar (Carpenters Cover)

Dessins :
  1. Nantes
  2. Angers
  3. Angers
  4. Angers


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