mardi 31 janvier 2017

DEUXCENTQUARANTEDEUX

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Les dessins dans la boîte aux lettres aujourd'hui : 

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Il ne voulait pas la quitter. C'est rare d'avoir vraiment envie de quitter quelqu'un qu'on a aimé, c'est encore plus rare quand on l'aime encore. On imagine toutes sortes de circonstances, de raisons, toutes meilleures les unes que les autres. Puis on fait tout pour s'y conformer. Parce qu'une fois qu'on a des raisons, si on veut être intelligent jusqu'au bout, on s'y conforme. Sinon on est simplement stupide.
Est-ce qu'il était stupide ? Il devait bien l'être un peu pour s'être laissé enfermer dans cette situation. Intelligent, il aurait anticipé les événements pour ne pas être obligé de quitter la femme qu'il aime. Il lui aurait parlé avant, par exemple. Elle aurait peut-être pu comprendre, et même le suivre ?
Après tout, il ne s'agissait pas de partir si loin, il n'était pas question de quitter la région, ni même de s'éloigner de la mer, choses qui lui auraient paru inimaginables. Alors pourquoi, si vite, sans rien dire, était-ce vraiment nécessaire ? Était-il trop tard pour l'emmener ?
Mais il avait beau se raisonner dans un sens, puis raisonner dans un autre, toute l'intelligence du monde ne suffisait pas à lui donner le courage de la réveiller.

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En musique :
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Dessins :
  1. Port Manech
  2. Nantes
  3. Concarneau
  4. Concarneau
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dimanche 29 janvier 2017

DEUXCENTQUARANTEETUN

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Les dessins dans la boîte aux lettres aujourd'hui : 

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« En tout premier lieu, c'est le lieu que vous devez trouver. »
La note était accompagnée d'un plan sans aucune inscription... Nous nous sommes mis à chercher.
 
« Si à nous trouver vous parvenez, la clé il vous faudra pour entrer. »
Le mot était punaisé sur le portail d'entrée du hangar. De l'autre côté nous parvenaient les sons étouffés d'une fête qui s'y déroulait... Sans nous. Nous nous sommes mis à fouiller.
Évidemment, tout cela nous a pris tellement de temps que, quand nous sommes parvenus à entrer, la fête était terminée et tout le monde était parti.
Finalement, pour nos quarante ans, Jules et moi avons fait le ménage.

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En musique :
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Dessins :
  1. Nantes
  2. Nantes
  3. Nantes
  4. Nantes
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samedi 28 janvier 2017

DEUXCENTQUARANTE

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Les dessins dans la boîte aux lettres aujourd'hui :

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D'aussi loin que maman s'en souvienne, dans la famille tout le monde a voyagé. Grand-père et Grand-mère ont remonté le Mékong, traversé la Chine à pied, l'Inde à dos d'éléphant, l'Afrique et ensuite l'Atlantique pour arriver en Europe. Maman est née au cours de cette odyssée, quelque part entre le Pakistan et l'Iran.
Du côté de Papa, Pépé et Mémé venaient de Pologne, mais il paraît qu'ils descendaient de Lituanie et que si on remonte plus haut dans l'arbre de la famille, il faut remonter plus à l'Est encore. La famille à toujours voyagé en roulotte mais en Pologne, Pépé travaillait dans un port de pêche où il réparait les voiles des bateaux et les filets des pêcheurs. Ils ont fui la Pologne par la mer en 39 et ont patienté en Suède jusqu'en 45 pour arriver en France.

Mais Papa est né à Paris lui. C'est là qu'il a rencontré Maman. Maman est arrivée en France quand elle avait une dizaine d'années. Elle et Papa se sont rencontrés à l'université et à les entendre, à peine se sont-ils parlé qu'aussitôt ils sont partis. Hop, autour du monde, hop, à pied, hop, en bateau, hop, en vélo, hop, en 2CV, et en prenant son temps surtout, 68, tout ça.
Mais moi je suis née longtemps après qu'ils soient rentrés. Et depuis que je suis née, je n'entends que ça, des histoires de voyages et... Quand tu seras grande, toi aussi tu feras de beaux voyages. Bouge ma fille ! Va voir le monde ! Mais moi, je ne veux pas bouger. Je suis très bien ici.

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En musique :
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Dessins :
  1. Nantes
  2. Noirmoutier
  3. Nantes
  4. Paris
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DEUXCENTTRENTENEUF

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Les dessins dans la boîte aux lettres aujourd'hui :

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Déjà que je passe la semaine à bosser comme une chienne, il faudrait encore que quand je suis là je fasse comme ces messieurs l'ont décidé. Comme si tout ce dont je pouvais rêver quand j'ai un peu de temps pour moi c'est de le passer avec eux dehors. Mais j'y passe ma semaine dehors moi. Ils n'ont qu'à sortir eux puisqu'ils n'ont que ça à faire de leur temps.
Mais il ne se rend pas compte de ce que c'est de travailler lui. Il passe son temps à la maison à jouer avec le petit. Oh bien sûr, il ne fait pas que jouer. Mais il ne travaille pas vraiment si vous me comprenez. S'il travaillait vraiment, on pourrait avoir une vraie maison. Si vous me comprenez.
Alors quand ils me proposent une promenade sur la plage, d'abord un, je ricane. La plage ? Je ne savais pas qu'on habitait sur la riviera... Ensuite deux, non, vraiment non. Je ne veux pas sortir, faire une stupide promenade le long d'un terrain vague, alors
qu'ils passent mon film préféré à la télé.

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En musique :
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Dessins :
  1. Munich
  2. Munich
  3. Noirmoutier
  4. Munich
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DEUXCENTTRENTEHUIT

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Les dessins dans la boîte aux lettres aujourd'hui :
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Tu es parti un matin comme les autres. À ce soir mon amour, fais attention à toi, un baiser sur le front, ta main dans mes cheveux, ton regard fixé sur le mien. Un matin comme tous les autres, comment aurais-je pu faire attention au temps qu'il faisait, à la couleur du ciel, de ta chemise, au parfum dans l'air... Tout cela je l'avais déjà oublié le lendemain quand les gendarmes me pressaient de questions sur toi. Un bateau ? Oui nous avions un bateau. Il manquait bien un bateau dans le port ce jour-là, mais pas le nôtre. Et impossible de dire exactement depuis quand il manquait.
 
Les premiers jours, les premières semaines ont été les plus durs. C'est normal tu te dis, mais ça ne suffit pas à rendre ça facile à vivre. Avec le temps, je ne me souviens que de journées à tourner sur moi-même, mais oui, c'est impossible tu as raison. J'ai probablement été travailler, j'ai certainement parlé à des gens, au moins à des amies, me connaissant tu te dis que j'ai continué à faire le ménage dans la maison, à laver ton linge, du moins ce que tu avais laissé dans le bac à linge sale... Le tas s'est vite épuisé.
Plus récemment, le voile se lève quand je me reprends en main. J'ai décidé de déménager. Bien sûr je t'ai attendu au début, mais finalement, assez vite, j'ai arrêté. Par contre, autour de moi j'ai commencé à être mal vue. J'étais cette femme qu'il a abandonnée et qui veut vivre comme si rien ne s'était passé. Tu comprends, toi mieux que personne, que j'ai dû, moi aussi, disparaître. Le plus étrange c'est que, dans cette nouvelle ville, dans cette nouvelle vie avec de nouvelles amies et même de nouveaux amis, il m'arrive par moments de t'attendre encore.
Surtout que depuis tout ce temps, il faut quand même que tu saches que je ne t'attends plus vraiment toute seule.

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En musique :
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Dessins :
  1. Noirmoutier
  2. Nantes
  3. Paris
  4. Nantes
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mardi 24 janvier 2017

DEUXCENTTRENTESEPT

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Les dessins dans la boîte aux lettres aujourd'hui :

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Un château, rien que ça... et dedans, une reine éplorée ? un roi qui se meurt ? une princesse qui dort ? un prince qui s'ennuie ? les quatre à la fois ?
Et un escalier ensuite... alors on y monte à l'échafaud ? au septième ciel ? aux appartements d'un des occupants couronné ? On en descend peut-être ?
Oh non, le cliché ! Les chaussures maintenant ! Elles sont pas à Cendrillon peut-être !?
Dans ces cas-là, moi, je fais grève, je vais fumer une clope et boire des coups avec les copains.

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En musique :
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Dessins :
  1. ?
  2. Nantes
  3. Nantes
  4. Angers
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lundi 23 janvier 2017

DEUXCENTTRENTESIX

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Les dessins dans la boîte aux lettres aujourd'hui :

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Il avait dit qu'il écrirait et après tout ce temps, tous ces paysages traversés, tous ces kilomètres qu'il avait mis entre son passé et maintenant, il se dit que finalement, ils méritaient quelques nouvelles. Il entra dans un magasin pour touristes et son regard se perdit dans le présentoir à cartes postales.
Incapable d'en choisir une, il piocha au hasard, un image banale de bord de mer, elle ferait l'affaire. Il paya et sortit et en chemin commença à rédiger mentalement un courrier qui en dirait le minimum sur lui et rien sur le reste.
Il essayait de ne pas penser à ce qu'il avait fait, à ce qu'il avait abandonné, cherchait les mots qui seraient positifs, donneraient de la joie sans éveiller le moindre regret ni le moindre remord. Surtout qu'ils ne se mettent pas en colère.
En cherchant une boîte aux lettres, un jardin d'enfant apparut dans un coin de son regard qui s'en détourna aussitôt. Non, cette carte, encore une fois, il ne la posterait pas. Il vaudrait mieux s'éloigner encore un peu.

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En musique :
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Dessins :
  1. Nantes
  2. Noirmoutier
  3. ?
  4. Nantes
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DEUXCENTTRENTECINQ

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Les dessins dans la boîte aux lettres aujourd'hui :

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La tempête restera dans les mémoires. Le matin le ciel est délavé mais les côtes sont jonchées de débris dont certains resteront pour toujours comme des stigmates de cette nuit terrible.
Bien sûr des bateaux ne sont pas rentrés, certains pas encore, et certains autres ne rentreront pas, ne rentreront plus.
Leurs familles les attendront, quelques jours et quelques nuits, toujours plus atroces et solitaires, si vides et si froides que les plus grosses cheminées ne pourront les réchauffer.
Et ceux qui sont rentrés en parleront pendant des jours, des semaines, des années.

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En musique :
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Dessins :
  1. Noirmoutier
  2. Noirmoutier
  3. Noirmoutier
  4. Nantes

DEUXCENTTRENTEQUATRE

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Les dessins dans la boîte aux lettres aujourd'hui :

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Séraphine aimait bien ramasser des cailloux. Partout où elle allait elle ramassait toujours un caillou ou deux. Ils n'étaient pas particulièrement jolis ni brillants, mais elle aimait leurs formes, leurs poids dans ses petites mains. Elle les ramenait chez elle, les rangeait dans des boîtes, les classait par tailles, une autre fois par couleurs, encore une autre fois elle collait une étiquette sur chaque boîte sur laquelle elle faisait un petit dessin qui lui rappelait l'endroit où elle avait trouvé les cailloux qu'elle contenait.
Les parents de Séraphine, ses grands-parents, ses oncles et tantes, ses cousins et ses cousines, ses amies de l'école, tout le monde lui ramenait des cailloux. Ses fêtes d'anniversaire finissaient dans des éboulements. Bientôt, ses petites boîtes ne contenaient plus que les quelques cailloux qu'elle préférait. Le reste de sa collection s'était transformé en terrasse, en chemin à travers le jardin, en muret délimitant le potager...
Puis Séraphine grandit, elle quitta la maison de ses parents pour aller faire des études, devenir une grande fille puis une petite demoiselle et finalement une dame. La maison fut abandonnée à son tour par les parents de Séraphine qui voulurent se rapprocher de leur fille, de leurs petits-enfants. Bien sûr, on laissa les cailloux là. Et beaucoup de temps passa encore...
Alors bien sûr aujourd'hui, tous ces cailloux autour de la maison, toutes ces couleurs, toutes ces formes, toutes ces textures... Les géologues de tous le pays sont bien intrigués...

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En musique :
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Dessins :
  1. Nantes
  2. Noirmoutier
  3. Noirmoutier
  4. Nantes
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DEUXCENTTRENTETROIS

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Les dessins dans la boîte aux lettres aujourd'hui :

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Comme beaucoup de familles, ils passaient leurs vacances d'été au bord de la mer. Les papas travaillaient à Paris et les mamans sympathisaient aux terrasses des cafés le long de la plage où les enfants jouaient, à l'écart du club Mickey qui les attirait autant qu'il les dégoûtait.
Alors c'est comme ça qu'ils se sont rencontrés la première fois. La fin des vacances approchait. Les papas allaient bientôt débarquer, ramener la famille à Paris après un détour chez les grands-parents. Les adieux seraient déchirants, mais attendez, vous revenez l'année prochaine vous aussi ? Sauvés les enfants ! L'été prochain sera encore plus beau puisqu'on se connaîtra tout de suite.
Les étés suivants se ressembleront, les mamans vieillissant en terrasse et les enfants grandissant sur le sable, toujours à l'écart du club Mickey.
Et finalement, de même qu'il nous est arrivé de cesser d'être des enfants, voilà qu'eux aussi ont grandi. Ils viennent sans les mamans qui voyagent avec les papas. Mais eux se retrouvent sur la plage comme si c'était la première fois. Et vu leurs regards, on se dit que dans quelques temps, elle reviendra passer l'été ici avec un enfant et qu'il restera à Paris pour travailler.

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En musique :
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Dessins :
  1. Toulouse
  2. Toulouse
  3. Toulouse
  4. Toulouse
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