jeudi 27 janvier 2011

CENTSOIXANTETREIZE


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J'étais surpris, un jour que je faisais le bureau buissonnier, prétextant une gastro-entérite fulgurante — Je m'esclaffe chaque jour que les informations traitent d'épidémie de gastro-entérites — j'avais décidé de passer la journée dehors, de marcher dans ma ville, imaginant pouvoir y déambuler tranquille puisque tout le monde, sauf moi, était censé se trouver à son travail. J'étais surpris, disai-je avant de grossièrement m'interrompre, de trouver dans ma ville autant de gens qui n'étaient pas censés, donc, s'y trouver à ce moment-là.
Pour moi, les rues de la ville en pleine journée de pleine semaine doivent ressembler à une rue de ville au mois d'août, à une plage en hiver, à la montagne en été. Enfin, vous me suivez. Non ? Et bien lors de ce fameux jour, le premier d'une longue et délicieuse série, je découvrais à la fois surpris et agacé, que je n'étais pas le seul à m'aventurer hors des sentiers balisés de la présence en entreprise. Car pour qu'autant de quidams encombrent ainsi mon passage en pleine semaine, il fallait bien qu'il s'en trouve de nombreux comme moi à échapper illégalement à l'emprise patronale — même si c'était pour mieux retomber sous son joug le lendemain venu.
Du coup, je laissais la surprise l'emporter sur l'agacement et me prenais à imaginer les raisons que tous ces gens avaient bien pu donner pour ne pas se rendre à leur travail. Oui, ma naïveté d'alors me poussait à croire que tout le monde avait le même travail ennuyeux que moi. Maintenant je sais que le travail peut être encore plus ennuyeux et qu'il peut être encore plus ennuyeux de ne pas en avoir. On grandit tous les jours. Je les regardais, tous ces gens, attendre. Attendre le long des trottoirs, des terrasses de cafés, des entrées de cinéma. Tout le monde attend quelque chose. C'est pour ça que je préfère marcher, même sans but. La sensation d'attente se laisse dompter par celle de s'y rendre.
En l'occurrence, si je marchais en dehors des sentiers battus ce jour-là, c'est parce que quelque part, quelqu'un m'attendait.

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B.O.S.T. :

Dessins :
  1. Toulouse
  2. Saint-Pierre des Corps
  3. Toulouse
  4. Toulouse


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