vendredi 18 février 2011

CENTQUATREVINGTQUATRE - HORS SERIE #20


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Il y a des gens qui ne manquent pas d'aplomb. Comme cette fille une fois que je prenais le train. J'avais mes enfants avec moi, le train était bien plein, ça devait être les vacances. Il n'y avait pratiquement plus de places et on avait dû déplacer des gens pour pouvoir installer les enfants. Et il y avait cette fille qui ne bougeait pas puisque, disait-elle, elle était à sa place. Vérification faite, il semblait qu'on ait eu le même billet. Bref, elle décide de ne pas bouger et je reste debout. Une bonne heure de trajet se passe et le contrôleur traverse le wagon. Je l'interpelle au sujet de l'erreur que sa compagnie a faite et il n'y croit pas une seconde, demande à voir les deux billets. La fille avait bien cette place là, la même que moi, mais dans le train de la veille. Elle a encore trouvé le moyen de se plaindre en me laissant la place. Même pas un mot d'excuse... 
Moi, à l'époque, je prenais le train tous les jours. Je le ratais rarement mais il y a eu cette fois où je l'ai raté. J'allais pour changer mon billet et je vois qu'un autre train partait dans les dix minutes. Tout content je change mon billet fissa, repère le quai et vais m'installer. Le train part et je m'endors — C'était fatigant de prendre le train tous les jours. Le contrôleur me réveille et me demande mon billet. Je le lui tends et il me demande où je vais. "A Angers", lui dis-je. "C'est le train de Rennes Monsieur". Je m'étais trompé de côté sur le quai. La fatigue...
Et ces trains qui se séparent et ne finissent pas dans la même gare. On attendait un ami pour les vacances, on avait son heure d'arrivée et il fallait aller le chercher à la gare qui n'était pas à côté, il fallait qu'on descende de la montagne pour aller le prendre. Cet idiot était dans le mauvais train et comme il a dormi tout le trajet, il a raté toutes les annonces de séparation de train et s'est réveillé à la frontière espagnole. On l'a attendu pendant trois heures à la gare, jusqu'à l'arrivée du dernier train. Puis on a fini par l'avoir au téléphone. On ne lui a plus jamais parlé. A cause de ces trains-là on perd des amis.
Pourtant s'endormir c'est un classique, même dans le métro. Comme cette fois où on rentrait avec un ami d'une grande fête qui se terminait au petit matin. On prenait le métro au milieu des habitués du marché qui revenaient avec des sacs et des paniers débordants de légumes et d'odeurs de poisson et de charcuterie. On était tellement fatigués et alcoolisés qu'on s'est endormis tous les deux. Sa tête à lui sur mon épaule à moi, ma tête à moi penchée vers l'avant. Entre le moment où on est entrés dans le métro et le moment où on s'est réveillé, il a du s'écouler deux bonnes heures. J'avais une auréole de la taille d'une assiette au milieu du t-shirt. Une auréole reliée à ma bouche par un épais filet de bave. Et les gens entraient et sortaient avec leurs sacs de course comme si de rien n'était. Vive Paris.

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B.O.S.T. :

Dessins :
  1. Nantes
  2. Nantes
  3. Nantes
  4. Nantes

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