lundi 1 novembre 2010

CENTQUARANTESIX


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Les jours passent et ce qui était impensable il y a quelques mois devient évident. Depuis la fin de cette histoire je tourne dans la maison, j'essaye de faire les mêmes gestes que d'habitude. Je ne veux pas y penser et je ne veux pas qu'on pense que j'y pense. J'essaye de paraître normal, de paraître heureux. Et ce visage que je pensais gravé dans ma mémoire, ce visage que je m'étais promis d'emporter jusqu'à une prochaine vie, ce visage s'efface...
Même les rêves que j'avais pris l'habitude de faire ont disparu. Alors que je suis libéré de son image, je cherche avec frénésie sur les visages que je croise un signe, une courbe, une expression qui pourrait me rappeler le sien à elle. Alors que je suis en train d'oublier enfin son image je veux m'en souvenir à tout prix, comme si le souvenir même de cette histoire était la seule chose qui la rattachait encore à la réalité.  
Plus je fais l'effort de me souvenir et plus j'y arrive. Je finis par noter tout ce qui me passe par la tête. J'écris des pages et des pages, je raconte ce que j'ai vécu, ce que j'ai vécu avec elle. Je dessine son visage, je dessine son corps, je dessine nos corps, soudés l'un à l'autre. Je décris, le plus minutieusement possible, ce que nous avons fait, ce que j'ai fait.
Et alors je me souviens. Je me souviens et j'entends les sirènes des voitures de police, comme un déclic. Je baisse les yeux et la vérité s'étale sous ma plume.

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Musique :

  • Tindersticks - Kathleen (Townes Van Zandt cover)
Dessins :
  1. Toulouse
  2. Angers
  3. Angers
  4. Toulouse

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