mercredi 11 janvier 2017

DEUXCENTVINGTQUATRE

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Ce jardin qui était la fierté de ma Grand-Mère ne gardait aucune trace de son passage. Le lierre avait commencé à envahir la terrasse déjà mangée d'herbes hautes. Les arbres avaient disparu, laissant place à un amas absurde de buissons et de ronces, de chardons et de liseron, pas l'ombre d'un chemin pour le traverser. Malgré ces années sans une visite, il semblait toujours aussi accueillant, habité de mes souvenirs.
Enfant, je venais ici tous les étés avec mes cousins. Grand-Mère s'occupait de tous ses petits-enfants et nous étions une dizaine, filles et garçons, du même âge ou presque, à passer ici plus de deux mois de vacances. Nous jouions à la corde à sauter, aux billes, aux cowboys et aux indiens, le souvenir de batailles d'eau phénoménales ! Le soleil semblait ne jamais vouloir se coucher, jouait à cache-cache avec nous, les grands tilleuls et le vieux saule, et venait l'heure où Grand-Mère, précédant les étoiles, mettait fin à nos aventures, jusqu'au lendemain.

Je pénètre dans cette maison fermée depuis si longtemps. Ma mémoire y forme un brouillard plus épais que la pénombre. Et cette pièce ? Laquelle est-ce ? Je cherche à tâtons dans mes souvenirs et le long des murs, mes mains se rappellent, ce pied de lampe, oui il avait été ouvragé dans un obus ramené de la Grande Guerre, ce velours épais, ce doit être l'embrase des rideaux du salon, ce bois poli, galbé sera donc le couvercle du piano... Le flic-flac de l'eau qui tombe dans l'eau. Je ne suis pas dans le salon ?
Et là, cette lumière, est-ce moi, dans le vieux miroir de Grand-Mère, éclairé d'un reflet ? Ou est-ce son portrait peint par Grand-Père ?
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En musique :
Dessins :
  1. Antichan
  2. Toulouse
  3. Antichan
  4. Toulouse
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