mardi 29 juin 2010

CINQUANTESIX


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Ce soir j'ai rendez vous avec une fille. Je ne la connais pas. Ils n'ont même pas voulu me dire son nom. Ils ? Des amis à moi qui en ont marre de me voir trainer ma misère chez eux quand ils dînent en famille. C'est à dire tous les soirs... Je ne sais pas trop comment ils se sont débrouillés mais ce que je sais c'est que je dois la retrouver ce soir, qu'elle me reconnaîtra, que tout ce que j'ai à faire c'est d'être propre et gentil et moi-même. Je vois difficilement comment je vais pouvoir être moi-même en étant propre et cette pensée m'angoisse. Je sens la sueur couler au creux de mon dos. Je vais reprendre une douche pour être sûr.
Ils m'ont dit d'attendre le long de la jetée qui longe la plage près du centre de la ville. Alors j'attends le long de la jetée qui longe la plage près du centre ville. Mais ces crétins ne m'ont pas dit à quel endroit attendre. La jetée coure sur plus de trois kilomètres. Et le putain de centre ville, c'est la jetée. Alors j'arpente. Et je sens bien qu'avec la chaleur de la soirée, l'angoisse qui revient, la sueur coule à nouveau. Deux aller-retours et j'ai l'impression d'avoir pris un bain de vapeur. Et toujours personne qui m'arrête...
Je commence à faire attention aux gens. Enfin, aux filles... Un simple regard suffit généralement pour voir à quel point je ne suis pas intéressant. J'ai beau être propre, mes vêtements collent à ma peau, mes cheveux sont plaqués, comme gominés, ma démarche est tremblante, fébrile. J'avance et à chaque pas je me dis que je dois être le célibataire le plus pathétique de la ville, du pays, du monde. Je cherche comment c'est possible puis je me rassure. Si mon père à rencontré ma mère, il n'y a pas de raison que je ne puisse pas moi aussi rencontrer la mère de mes enfants. Enfin, si, je ne voudrais pas rencontrer ma mère...
Puis la nuit tombe. Mon rendez vous est manqué. Je ne saurai même pas si c'est un lapin ou si la fille m'a vu et a tourné casaque. Je vais me baigner. Je laisse mes vêtements trempés de sueur sur le sable. Je coure vers les vagues, plonge la tête la première, ressort la tête de l'eau, fais la planche et me laisse porter un peu par le courant. Lorsque je retourne sur la plage, mes vêtements ont disparu. Je remonte la plage, peut être ai-je dérivé. Mais non, impossible de remettre la main dessus. Je rentre chez moi, en caleçon, sans mes clés.

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Musique :
  • Pulp - Razzmatazz

Dessins :
  1. Mahdia
  2. Mexico
  3. Mexico
  4. Mahdia


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