dimanche 15 août 2010

QUATREVINGTTROIS


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On fait ce qu'on peut. Oui je sais, on fait ce qu'on veut, si j'avais voulu être miss monde je suis sûr qu'avec leurs idées à la con j'aurais pu l'être hein. Non, moi je suis pas miss monde et je suis pas astronaute. Moi je fais ce que je peux, c'est comme ça. Deal with it. Alors je me lève, tous les matins, même si j'ai pas envie, et j'ai pas envie souvent. Et je prends mon sac, ma Louise me fait un casse-dalle, elle me le met dans un sac avec un thermos de café et une canette et un petit mot, toujours le même. Non, ça vous regarde pas. Et je vais au turbin. Parce que y en a, ceux qui veulent, ils ont un travail, ils vont au bureau en rigolant. Moi je vais au turbin, comme avant on allait à la mine.
Oh c'est pas la mine mon turbin. Mais y a des jours on voit pas le soleil et y a des jours on voit pas le patron et y a des jours on voit pas une gueule blanche. Ça en fait quand même des points communs. Mais on a la paye à la fin du mois et c'est pour ça qu'on y va, au cas qu'on oublierait pourquoi on est là. Les autres, ils sont comme moi. On parle pas trop, on a pas trop le temps et on est crevé et de toutes façons, on parlerait de quoi ? Alors je mange mon casse-dalle dans un coin, je bois ma canette. Et je lis mon petit mot. Non, ça vous regarde pas.
Et quand la journée se termine il est toujours trop tard. Alors comme il est déjà tard, je traine un peu, je claque les quelques pièces que j'ai gardées de ci de là et je joue aux dés tout seul au comptoir. Je joue aux dés pour savoir si je rentre ou pas. Avant je jouais aux dés avec des copains mais depuis quelques jours je joue tout seul et j'évite les copains. C'est parce que depuis quelques jours, ma chérie est enceinte. Elle est heureuse, faudrait que. Non, ça vous regarde pas. Mais je sais bien moi qu'avec la vie, ce que je gagne, tout ça. Vu comme on trime quoi, je suis pas sûr que ce soit une bonne idée. 
Alors je joue aux dés, tous les soirs. Et tant que je gagne je rentre. Mais je me dis à moi, tous les soirs que le jour où je perds, je me tire. Je ferai comme si, elle me fera un sac avec un casse-dalle, un thermos de café, une canette et elle glissera un petit mot dedans. Ouais, un de ceux qui vous regardent pas. Et je partirai avec et ça sera tout ce qui me reste, avec tous ceux qu'elle m'a glissés jusque là. Et elle, elle pourra refaire sa vie avec un de ceux qui veulent, puisqu'y en a. Et le petit comme ça il aura autre chose à regarder qu'un de ceux qui peuvent. Ça lui fera un bon exemple.

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Musique :
  • Hard-Fi - Cash Machine

Dessins
  1. Paris
  2. Paris
  3. Nantes
  4. Paris


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