mercredi 8 septembre 2010

CENTSEPT


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En ces temps troublés quand chacun pense avoir raison pour tout le monde, quand personne ne veut plus laisser le monde penser pour lui, quand il est si facile de démolir les discours et les tentatives, quand rien n'apparaît plus idéal, quand le moindre effort demandé est inacceptable s'il n'est pas répercuté sur autrui, quand la plus petite décision, qu'elle vienne de la plus petite autorité et ne s'applique qu'au dernier maillon de la chaîne ou qu'elle descende du sommet de l'état et concerne la population, quand la plus petite décision est systématiquement refoulée, il est réconfortant pour une fois de ne manifester pour rien, pour le plaisir d'être ensemble et ne rien se reprocher, se réclamer, simplement pour marcher de front et chanter. 
Le plus difficile a été de rassembler tout le monde, de choisir une bannière, des couleurs pour représenter. Représenter quoi au juste ? La différence ou plutôt l'indifférence, l'indifférence aux discours, aux décisions, aux idées, saluer un salutaire retour à la conscience de soi qui profite à tous. On choisit donc des drapeaux multicolores, à rayures, à carreaux, à tartan, en losanges, en trapèzes, en cercles... On les effiloche, on les raboute, chaque bannière est différente mais toutes se ressemblent. Le cortège se forme sur la grand place puis se met en branle. Des musiciens sont là pour donner le rythme, certains improvisent des paroles doucement surréalistes dont les plus amusantes sont reprises en choeur. 
Puis, après plusieurs tours de la cité, on se retrouve au point de départ. Les musiciens qui ont sympathisé durant la manifestation improvisent un concert, les locaux descendent des tables, des chaises, on s'assoit un peu partout, on parle, on chante, on danse. La manifestation se transforme en fête et la fête dure. Personne n'a rien décidé pour personne, chacun a participé pour lui-même, tout le monde est rassemblé autour de chacun sans l'envie d'en imposer et quand la fatigue rattrape certains, les autres continuent la fête sans embarras car personne ne se sent plus dérangé.
Laisse tomber, ça ne marchera jamais.


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Musique :
  • Ian Brown - F.E.A.R.

Dessins :
  1. Inconnu
  2. Inconnu
  3. Inconnu
  4. Inconnu



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