dimanche 12 septembre 2010

CENTONZE


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Ils nous ont rassemblés dans un grand gymnase planté au milieu de rien. La campagne alentour était battue par un vent violent, couverte de nuages épais et gris et détrempée par la pluie. Les gouttes, grosses, giflaient le visage. S'il fallait déjà un courage et une volonté sans faille pour parcourir les routes sinueuses et grises et parvenir à cet endroit, sortir du véhicule tenait de la témérité. La lumière terne des néons donnait aux visages les plus bronzés une pâleur cadavérique. Il nous fit passer par une porte dans une salle aveugle terminée par une autre porte, close. Là, il nous dit de nous asseoir et d'attendre sur les bancs disséminés le long des murs. On nous prendrait un par un pour un examen médical préliminaire qui devait opérer une première sélection parmi les candidats.
On vit les premiers passer la porte mais on ne les vit pas revenir. Ils devaient les faire sortir par l'autre côté du cabinet d'examen ou alors ceux-ci étaient déjà éliminés. Je passai dans les derniers sans avoir revu aucun des premiers postulants. Je reconnu le dossier médical que je leur avais envoyé ouvert sur le bureau du médecin. Il ne me regardait pas, gardant les yeux rivés sur les lignes que j'avais écrites moi-même, imitant l'écriture nerveuse et hachée de mon médecin traitant, et confirmant que rien dans mon état de santé n'était anormal et que par conséquent j'étais parfaitement apte à remplir les missions qui pouvaient m'être assignées par la compagnie. Je souriais en songeant que la pluie qui ruisselait encore sur mon visage, coulant de mes cheveux, masquait la sueur que l'angoisse et le stress faisait couler de tous les pores de ma peau.
Sans me poser aucune question, le médecin donna un coup de tampon sur mon dossier, le referma et m'indiqua une sortie derrière lui. Je retrouvai une partie des postulants, ceux qui avaient été confirmés, dans une autre salle d'attente aveugle. On se regardait sans échanger un mot, certains nerveux, d'autres calmes, tous impatients. On nous fit tous passer ensuite en salle d'examen où nous attendaient, disposés sur des tables, des feuillets remplis de questions auxquelles nous devions répondre dans les deux heures suivantes. Je m'acquittai de cette épreuve rapidement, sans réfléchir vraiment. Je m'étais entraîné de longs mois pour cette épreuve et les réponses venaient par automatisme. On nous fit attendre ensuite dans la salle d'examen et nous fûmes appelés chacun notre tour, par ordre alphabétique, pour la correction et l'examen oral. 
Je retrouvai là l'examinateur qui nous avait accueillis à notre arrivée. Il lut ma copie, acquiesçant régulièrement à mes réponses, comme si il y trouvait exactement ce qu'il voulait lire. Sa lecture finie, il releva la tête et me dit que c'était parfait. Il dut lire le soulagement sur mon visage parce qu'il sourit. Il ajouta que tout semblait dans l'ordre et que rien ne devrait maintenant empêcher mon recrutement mais que je devais quand même attendre que les autres aient passé le dernier entretien avant d'en avoir la confirmation. Il me fit donc passer dans une dernière salle ou je trouvai deux candidats qui avaient dû, comme moi, être reçu à ce dernier examen. Finalement, deux autres nous rejoignirent, le dernier accompagné de l'examinateur. Celui ci nous fit lever et nous emmena vers la grande salle du gymnase où nous attendait notre première mission : faire disparaître les cadavres des candidats qui n'avaient pas été reçus. 

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Musique :
  • The Flaming Lips - Race For The Prize

Dessins :
  1. Inconnu
  2. Inconnu
  3. Inconnu
  4. Inconnu



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